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L’invité du bout du monde (par Daniel A.)

« Tu verras, c’est un des meilleurs hôtels auxquels on a eu droit depuis le début du voyage. » À peine le temps de finir sa phrase que la porte claquée de cette chambre d’hôtel de Bengalore fit sursauter quatre cafards. Et puis il y avait ce mec qui s’est mis à appeler toutes les chambres à 5 heure du mat’, une espèce de « morning call fantôme ». À vrai dire, les cafards, c’est cracra mais je m’en fiche. Et puis à 5 h du matin, je ne dors déjà plus depuis longtemps. La vraie question, c’est le glissement des désidératas de mon ami Louis-François.

Mais commençons par le début. Je m’appelle Daniel Andreyev et je suis toujours journaliste freelance, spécialisé en trucs rigolos. Cela permet de prendre, ce que je ne fais jamais, mon billet au dernier moment pour le bout du monde pour rejoindre son pote et sa copine partis explorer le monde. Une année sabbatique, une vraie, pas une légende urbaine, un concept qui, même pour moi, me parait encore fou. « Freelance », ça fait rêver mais on ne bénéficie absolument pas de congés payés, de 13eme mois ni même de tickets restaurants qui, j’en suis certain, représenteraient la quintessence de la réussite professionnelle aux yeux de ma grand-mère. On passe plus de temps à préparer le travail qu’à buller. Mon seul avantage, l’unique, c’est d’avoir plusieurs employeurs. C’est moins glam’ qu’il n’y parait.

Mais partir un an? Impensable…

Mais après quatre mois, les photos de voyage, les récits et les quelques bribes de conversation via Internet, j’ai eu envie de le rejoindre pour partager un peu de son kif. Et puis aussi, tout simplement parce que mon ami me manque. En bonus pour eux, la possibilité de ramener quelques trucs et de repartir avec leur butin de guerre. Se balader avec vie à bout de bras, 20 kilos bien emballés et portés sur le dos durant plusieurs mois, ça aussi, c’est inimaginable.

Le choix de l’Inde s’est fait de lui même : je fait du yoga et suis végétarien, de manière plus ou moins lunaire, ce qui veut dire pas trop chiant quand même. Après la peu sympathique épreuve du « vous êtes journaliste ? » qui me vaut de payer mon visa plus cher ou encore la case « Religion », summum de la classe « de quoi j’me mêle« , je suis en Inde, sans vaccin. À l’arrache.

Bengalore, Mumbai, Mysore et même Goa se sont enchaînés à la vitesse du son, celui des klaxons du réseau routier si particulier de l’Inde. Louis-François avait calculé un itinéraire au poil, comme s’il avait fait ça toute sa vie. Il pourrait faire ça toute sa vie, je crois maintenant. Hampi est sans doute un des village les plus impressionnants que j’ai vu de ma vie. Aucun Google Image ne pourrait rendre justice à cette vieille capitale antique au milieu de nulle part.

Ce qu’ils ne vous disent pas ici, et je ne pense pas trahir un grand secret, c’est que Louis-François et Elodie ont changé. Pour vivre comme ça une année entière, il faut développer une certaine discipline. On n’oublie rien dans la chambre. On évite d’acheter des bibelots inutiles en chemin. Ou on les refourgue à son pote de passage. Et il y a donc cette chambre, là, que j’avais envie de passer au baygon. Il se dégage d’eux une sorte de positivisme et un réel plaisir à être là où ils sont. Un couple qui visiblement ne dormira pas plus mal en apprenant que la France a perdu son AAA. En vérité, voyager pendant un an impose un budget serré mais logique: moins on dépense et plus on va loin et longtemps. C’est rarement palace et 3 étoiles mais je crois qu’à force de débrouillardise, de s’être préparé à mettre le plus de matériel possible dans un minimum de place, on finit par s’en moquer car tout cela fait partie du processus.

Un truc comme ça: sur toutes les photos que j’ai pu faire d’eux (vu que c’est la première fois qu’ils ne posaient pas en demandant à un autre gus de prendre la photo), ils ont l’air si heureux. À chaque fois.

Je crois que si je ne connaissais pas Louis-François, je serais terriblement jaloux. Lucky me, c’est un de mes meilleurs amis. Et puis on aura survécu au bus de nuit indien ainsi qu’au pire film bollywoodien de tous les temps. Le genre d’histoires qui nous fait penser qu’on n’a plus peur de rien ni de personne.

 

 

 

7 commentaires

  1. Black Bambou
    Le 23 fév ’12 à 21:32 | Permalien

    Vous êtes très beaux.

  2. kim souya
    Le 25 fév ’12 à 07:47 | Permalien

    Wahoo! C’etait possible de vous joindre comme Daniel,…je le veux,je le veux!!!…en fait, cette nuit, j’ai fait un reve de vous,m’avez dit que le voyage est déjà termine(j’ecris depuis telephone portable, pas d’accent..).déjà 1an…vois-tu ma chere elodie? Je resens déjà votre retour(pour me chauffer au coeur toute seule.)…c’est genial qu’un cher ami vous rejoint!!! …gros,giga,mega,super bisous a vous trois!!!!

  3. Guillaume M.
    Le 26 fév ’12 à 11:40 | Permalien

    Merci pour ce regard extérieur monsieur Kamui !

  4. Le 26 fév ’12 à 12:53 | Permalien

    J’aimerais tant être là…

  5. danie
    Le 26 fév ’12 à 15:11 | Permalien

    Daniel que je ne connais pas, très beau reporter vu par un journaliste
    mais j’aimerai savoir qu’est ce que ma fille Elodie tient dans ses mains lorsqu’elle est avec Louis l’a tenant par les épaules, d’après Irène c’est un petit animal mais d’après moi c’est un bijou alors laquelle des deux mamans a raison?

  6. Louis-François
    Le 26 fév ’12 à 16:01 | Permalien

    Daniele > erreur matriarcale :) il ne s’agit ni d’un bijou ni d’un animal, mais d’un coeur fait avec les doigts par Elodie et moi meme ! Gros bisous aux mamans :)

  7. Alicia
    Le 6 mar ’12 à 12:44 | Permalien

    J’espère que vous vous êtes fait toucher la tête par un éléphant pour vous porter chance pour la suite de cet incroyable voyage !
    Gros bisous à vous deux ! Les Amoureux les plus chanceux !
    Les cours c’est la loose vous vendez du rêve !

Un trackback

  1. Par En avalant des kilomètres... le 26 fév ’12 à 07:50

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