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Moments de vie indienne – Kerala

Une fois quittée la région du Tamil Nadu en direction de la cote ouest, nous avons décidé de « souffler » un peu. Pour notre première journée de l’année, nous arpentons les backwaters. Un reve. Une journée sur une barque de cordes coco a errer d’un fleuve a un autre entourés de palmiers luxuriants… un soleil de plomb, un ciel bleu, personne a l’horizon. il est bon parfois d’arriver a se sentir seuls au monde, surtout dans ce pays au bruit perpétuel ou les gens hurlent pour se parler,  crachent et pissent dans la rue sans aucune gene… ou les enfants (et les autres) regardent au dessus de votre épaule vos photos, vous harcellent d’un tas de questions personnelles sans finalement écouter vraiment la réponse. L Inde est un vrai pays vivant et vibrant. La seul journée de solitude est totalement étourdissante tellement cela arrive peut souvent.

Je comprends un peu mieux pourquoi le yoga et la méditation ont une place si importante ici. Le repos et la détente sont des mots bien trop occidentaux. Leur vie est rythmée de bruit, de poussière, d’attente (toute la signification de l’expression : en file indienne, prend tout sont sens ici), de retards (bus, train…) et autre accentués par le manque de confort, d’hygiène. Difficile d’arborer le même calme que les vaches (sacrées) qui déambulent a travers les rues tranquillement. Peu importe que des klaxons hurlent, il en faudra bien plus pour les déranger, elles. Tous ces ingrédients déclareraient chez nous une véritable guerre civile. Ici ce n’est pas le cas. Ils prennent leur temps, en profite pour papoter avec les blancs (nous) qui font un drôle de voyage, partage leur nourriture, et essayent de comprendre un peu plus notre vie.

Nous sommes en Inde pour 2 mois et avions envie de voir autre chose qu’uniquement les principales villes touristiques. Nous voulions nous faire notre propre idée et voir, de l’intérieur un ashram.

En Inde, la coyance est omniprésente… on prie du matin au soir, différents dieux ou déesses.

Pour différentes raisons, nous nous sommes dirigés vers l’ashram d’Amma (maman en hindi), arborant plutôt une belle ouverture d’esprit avant de poser le premier pied a l’intérieur. Des notre arrivée cette impression s’est totalement envolée, lorsque nous avons vu tous ces gens vêtus de blanc des pieds a la tete, multipliant les signes de prière, criant, chantant gloire a une femme lors de son apparition et s’agenouillant la tete contre le sol.

Autant dire… très peu pour moi !

Nuit sur un lit militaire et une chambre pour le moins spartiate.

Puis nous avons rencontré quelques personnes nous expliquant les buts de leur venue, nous « initiant » a la vie d’Amma. Apres un petit passage a la librairie, j ai compris un peu tout l’intérêt porté à cette femme. La vie en communauté est plutôt bien réglée et finalement assez belle. Il est toujours plaisant de voir tant de nationalités se rencontrer, se parler, et surtout  se comprendre. Toute la vie de l’ashram est autonome, chacun a un rôle, l’ashram vie de lui meme en bonne intelligence. Encore mieux, il génère des fonds qui aident pour le bien des enfants, des femmes, des disparus du tsunami…

Finalement apres quelques jours passes en compagnie de tout cet entourage, je comprends et surtout respecte l’idée et la représentation de cet ashram. Puis vint la rencontre avec Amma en personne, pour le darshan (câlin). Ce moment que tous les habitants ou disciples attentent avec grande impatience comme la distribution de friandise après les devoirs de l’école. Amma, donne tout une procession de darshan bien organisés pour que chacun puisse le voir, l’accompagner ou le recevoir afin que chaque personne ne soit laissée. Elle « offre » ces journées entières a tous, lors de ces darshan (parfois pendant plus de 15h de suite) et ceci 3X par semaine. Lors de ces temps « hors » darshan elle travaille elle aussi au centre, elle voyage a travers le monde pour faire des conférences…  bref elle donne de son temps, elle ne fait que ca, elle s’offre aux autres en permanence. C’est l amour incarnée.

Après une longue attente, nous passons a la fin de la journée. Il fait nuit depuis bien longtemps, nous attendons notre tour bien sagement en suivant l’organisation draconienne. Ne sachant pas trop quoi faire ni quoi dire, nous hésitons, puis c est à nous. Nous nous agenouillons, elle nous prend tous les deux dans ses bras, incroyable moment de douceur, de retour en enfance… elle sent le bebe, le talc et la douce rose, elle murmure quelque chose dans mon oreille dans un langage inconnu (de moi), elle nous serre, ensemble, et le monde peut bien s écrouler désormais je me sens rassérénée.

Nous nous relevons et nous regardons très surpris l’un l’autre de cette expérience si fugace mais si forte que nous venons de vivre.

Le temps de l’ahram est fini pour nous. Nous reprenons nos énormes sac a dos, nettoyons notre chambre, lavons notre vaisselle, remercions les belles rencontres effectuées et partons l’esprit léger. Par respect pour la vie de l’ashram, nous n’avons pu prendre de photos, peut-être pour ne pas effrayer les gens qui regardent tout ceci de trop loin ou les amalgames se feraient trop vite entre ashram et secte, car certains ingrédients y sont réunis, mise a part la principale différence, c’est qu’ici chacun est libre de rester ou de partir.

 

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Un commentaire

  1. Guillaume M.
    Le 26 fév ’12 à 11:34 | Permalien

    Merci pour ce très beau texte (très instructif aussi). Toujours très agréable de faire un bout de chemin avec vous !