Avec des guides aussi originaux et individualistes que Louis-François et Elodie, l’idée d’arriver à Angkor-Vat en bus climatisé avec guide brandissant au bout d’une tige un pompon de ralliement pour des ouailles égarées n’avait effleuré aucun de nous trois.
C’est au petit trot d’un tuk-tuk, conduit habilement par notre chauffeur, M.Rob, que nous avons quitté la circulation ô combien
périlleuse de Siem-Réap, pourvus à l’arrière de notre attelage d’une petite glacière pleine de bouteilles d’eau minérale destinées tant aux passagers assoiffés par les 40° ambiants qu’au moteur réclamant aussi sa dose de rafraîchissement.
Si je vous promène avec nous, avec mes histoires de bouteilles d’eau sans grand intérêt ( à part celui de ne pas mourir de déshydratation), c’est pour vous préparer en douceur à l’entrée d’un monde du troisième type, un monde étrange et fascinant, bien différent des temples, pagodes ou mausolées que vous auriez déjà visités en Asie.
Angkor-Vat, nous y étions, sidérés et déjà éblouis par l’harmonie qui se dégageait de cette construction unique se déployant sur plus d’un kilomètre de façade et surmontée de tours en forme de boutons de lotus.
Tous les guides vous diront qu’Angkor-Vat est une réplique de l’univers, où l’eau des douves est océan et les tours des montagnes à la vue desquelles, pour ce passage de la terre au ciel, on accède par paliers successifs jusqu’au sanctuaire de Vishnu.
Mais de l’enceinte extérieure aux boutons de lotus, trois étages de galeries immenses, bordées de balustres ciselées, encadrent des cours, sortes de cloîtres. Et sur tous les murs de ces galeries, des bas-reliefs racontent à l’infini les épopées du Ramayana et du Mahabharata, avec leurs combats, leur bestiaire fantastique, leurs dieux, leurs avatars et leurs démons.
Elodie et Louis-François ont des ailes aux pieds. Insatiables de découvertes, ils grimpent et trottent dans ce labyrinthe cerné de jungle, où des nymphes célestes, les séduisantes statuettes d’apsaras, côtoient des scènes d’enfer et de paradis. Des buddhas sortent de l’ombre, avec leurs yeux clos et leur demi-sourire insondable.
Nous avons passé des heures à contempler ces merveilles, saisies par l’oeil aigu et l’objectif de nos reporters. Mais il a fallu
redescendre sur terre, rendre aux serpents de pierre la garde de ces trésors .
Angkor-Vat est un choc et sans doute n’étions plus tout à fait les mêmes en en sortant.
Mais d’autres chocs nous attendaient dans des temples voisins : ici, des centaines de têtes de buddhas taillées dans le granit, petites ou gigantesques comme celles couvrant les quatre faces d’une tour et balayant malgré leurs yeux clos tous les horizons, comme un sémaphore.
Un peu plus loin, la nature a repris ses droits sur la pierre dans un enlacement inextricable. Les arbres, les racines ont soulevé des blocs, ont fait chanceler colonnes et linteaux. Palmes et fromagers s’échappent de portes sculptées rongées de pluie et de soleil brûlant.
C’est hélas l’heure de partir. M.Rob, frais et dispos après sa sieste dans un hamac, tandis que nous crapahutions sous une chaleur de four, nous attend pour faire pétarader son tuk-tuk jusqu’à Siem-Réap où se terminera pour moi l’expérience cambodgienne, menée de main sûre et tendre par mes guides préférés. Je vous les recommande. Le voyage sera plus beau si c’est pour y retrouver ceux que vous aimez et vous n’hésiterez pas à descendre à la station Phnom-Penh plutôt que
Pont Mirabeau pour raccourcir l’attente de leur retour.
Un commentaire
Angkor, je suis bien d’accord, est inimaginable pour qui ne l’a pas vu de ses propres yeux ……. Quelle merveille et que d’enigmes non encore élucidées ! Certaines civilisations gardent pas mal de mystères ….. !
Et c’est pour notre plus grand bonheur !